Le 3 avril dernier, le MEDEF et l’AFEP envoyaient un courrier (au départ confidentiel) au ministère de l’écologie pour demander un report des nouvelles normes environnementales et de la loi sur l’économie circulaire, une difficulté en plus selon les patrons par rapport aux efforts de reconstruction post Covid. Un mois plus tard, 92 grands patrons, pour partie les mêmes que ceux qui participent au MEDEF, plaident dans une tribune ouverte pour la prise en compte des problématiques sociales et environnementales et une adaptation de leurs entreprises dans un nouveau modèle de société. Sont ils devenus schizophrènes ??
En fait, les patrons sont comme tout le monde, comme chacun d’entre nous :
Certains ont fait le chemin intellectuel et psychologique qui amène à accepter la réalité du changement climatique, de la perte de biodiversité etc et ont commencé à repositionner leur entreprise pour faire face au monde d’après, ou a minima se posent des questions sur comment concilier économie et écologie sociale, comment répondre aux objectifs non plus seulement des actionnaires mais aussi de la société civile. Ceux la utilisent leur intelligence pour réfléchir et agir dans un sens nouveau, malgré les difficultés d’un jeu aux règles encore inégales en France et ailleurs. Soyons honnêtes, leur demande est aussi financière vis-à-vis de l’état, et leur engagement est parfois loin d’un engagement réel de transformation, mais on peut espérer que le bon chemin soit pris.
D’autres refusent de voir l’évidence et se retranchent dans les vieilles recettes. L’économie reste linéaire et non circulaire, elles est polluante mais on pense pouvoir gérer cela comme n’importe quel problème d’entreprise, et le commerce mondial, la croissance, restent les uniques garants d’un équilibre mondial. On reste dans une vision idéologique, voire politique du développement qui ne passe que par l’économie. Le pillage des ressources sur lequel le modèle est construit n’est qu’un fait annexe, une perte nécessaire. De fait, une telle ignorance des faits écologiques autant que des demandes sociales est difficilement compréhensible, l’incapacité à changer le regard est troublante.
On ne peut alors qu’espérer que ces personnes comprendront rapidement le besoin d’évoluer avant que leur entreprise et eux même ne disparaissent et n’engloutissent la société dans leur erreur… surtout si ils souhaitent continuer à obtenir des financements des marchés, à un moment ou l’ISR devient inévitable.